top of page

Les nommés du Molière du Metteur en scène d'un spectacle de Théâtre public 2019

Pauline Bureau.jpeg

Pauline Bureau

pour Mon coeur 

de Pauline Bureau

« Eté 2014, j'entends Irène Frachon à la radio.
 Son courage et sa détermination me touchent.
 Une héroïne d’aujourd’hui comme j’ai besoin d’en voir sur les plateaux de théâtre. 
Je la rencontre. 
Elle me parle de son combat. Des malades pour qui elle se bat avec acharnement. Elle est émue. Toutes les cinq minutes, elle reçoit des messages de patients qui lui donnent des nouvelles, racontent leurs examens, leurs expertises. Elle est là pour eux. Plusieurs fois, en parlant, elle a les larmes aux yeux. 
Elle me donne les coordonnées de victimes du Médiator.
 Je vais à leur rencontre, chez eux.
Paris, Lille, Marseille, Carcassonne, Dinard... 
A mon tour, je suis profondément remuée quand ils me racontent. 
Certaines femmes sont jeunes. L’une d’entre elles avait mon âge, 37 ans, quand elle a été opérée à cœur ouvert.
 Je rencontre un des avocats qui les défend. Je m’intéresse au droit des victimes dans notre pays. Ca me passionne. 
J’écris. Beaucoup. Beaucoup trop.
 Je dois choisir ce que j’ai envie de raconter.
 Irène m’a amenée aux victimes et c’est d’elles que je veux parler.
 J’écris l’histoire d’une femme qui contient un peu de chacune des personnes que j’ai rencontrées. Je l’appelle Claire Tabard. »

Lepage, Robert V. Tony Hauser.jpg

Robert Lepage

pour Kanata - Episode 1 - La Controverse

Photo : V. Tony Hauser

Il fut un temps où les peintres, les sculpteurs, les écrivains, les chefs de troupes de théâtre se parlaient, s’estimaient et, sans s’aimer forcément, se comprenaient. Ils échangeaient leurs doutes et leurs tremblements. Leurs illuminations aussi, parfois. Et même, autour d’un verre ou de plusieurs, quelques tuyaux et secrets de fabrication. La rivalité n’excluait pas le compagnonnage. L’admiration provoquait une jalousie lucide et stimulante. Kanata – Épisode I – La Controverse est issu d’une telle admiration. De cette parenté depuis longtemps constatée, puis aujourd’hui choisie, entre Robert Lepage et moi, Ariane.
Ce fut simple, au début. En 2014, une invitation enthousiasmée à travailler avec les acteurs et les techniciens du Soleil est acceptée avec tout autant d’enthousiasme et voilà que, pour la première fois de l’histoire du Théâtre du Soleil, le spectacle principal, le "vaisseau amiral" allait être dirigé par un autre metteur en scène que moi qui, depuis sa fondation, avais eu l’honneur, la fièvre et la joie de diriger les quelque trente spectacles de notre troupe (et qui, puisqu’on me pose la question, et si les dieux du théâtre m’en donnent les forces, ai bien l’intention de continuer à le faire quelques courtes années encore). 

Ariane Mnouchkine, extrait d’une lettre au public du Théâtre du Soleil,  22 octobre 2018

mathilda_may_crédit_Richard_Schroeder.jp

Mathilda May

pour Le Banquet

de Mathilda May

Photo : Richard Schroeder

MOURGNCHE TROUFI TRUKCHNI BOUAF ! 
Mathilda May construit après Open Space, une fiesta sans paroles avec onomatopées chorales ou soliloques en borborygmes. Fête d’après la noce, quand l’agape tourne au cauchemar : l’ultime moyen de supporter la tragédie, c’est encore d’en rire.


Parterre mal foutu, touffes rebelles, talus d’un terrain accidenté où les invités se prennent les pieds dans le tapis de la vie. Déjà, le sol n’est pas à la hauteur. On boit, on se console. Fête d’après la noce, le banquet rassemble les familles et les joies, les rancœurs et les ratages. Chacun y va de son numéro comique, chansons et danses, tragédie du spectacle des humanités réunies. Le père fait son discours et la mère son intéressante. On boit, trop. Une dame grosse cherche son chien, dont la robe de la mariée se souviendra. On pleure, on rit, on se tache beaucoup. On saigne et on vomit, c’est la catastrophe joyeuse d’une communauté en fête qui crie, vocifère, pérore. Personne ne se parle. On s’agite et se pavane, glisse, tombe et se relève. C’est toute une vie en une soirée sans paroles. 

thomas_ostermeier_photo paolopellegrin.j

Thomas Ostermeier

pour La Nuit des Rois ou Tout ce que vous voulez

de William Shakespeare

Pour sa première création à la Comédie-Française, Thomas Ostermeier retrouve un auteur qu’il fréquente régulièrement. Réputé pour ses mises en scène alliant fidélité à la situation dramatique et liberté d’interprétation, le directeur de la Schaubühne de Berlin se concentre de plus en plus sur ce qu’il nomme l’acteur-créateur. Il fait ici entrer les comédiens en Illyrie, royaume de l’illusion et de l’artifice, auquel il donne la forme d’un paysage d’émotions à l’envers dangereux, où la folie rôde. Cette comédie des apparences conte l’histoire de Viola, rescapée d’un naufrage – comme son jumeau Sébastien dont elle n’ a pas de nouvelles – qui se travestit, prend le nom de Césario et offre ses services au duc Orsino. Charmé, ce dernier en fait son page et le charge de transmettre son amour à la Comtesse Olivia. Mais Césario/Viola, secrètement séduit(e) par le Duc, excelle si bien dans sa mission que la Comtesse s’éprend de son ardeur. Parallèlement, un quatuor, aux manœuvres éminemment comiques, révèle la face violente de la mascarade amoureuse tandis qu’un bouffon brille avec insolence dans la subversion du langage.

Photo : Paolo Pellegrin

bottom of page